L’affaire commence en septembre 2017 (ici). L’ANSES – agence publique chargée notamment de la sécurité sanitaire de tous – autorise la mise sur le marché de deux pesticides à base de sulfoxaflor, le Closer et le Transform. Nous sommes alors dans un contexte singulier pour l’agrochimie : les néonicotinoïdes massacreurs d’abeilles sont – enfin – sur le point d’être interdits. Pour l’industrie, cette perte de chiffre d’affaires est insupportable.
Heureusement vient le sulfoxaflor. C’est nouveau, jurent les firmes, et cela n’a rien, absolument rien à voir avec les néonics. Mais les apiculteurs ne s’en laissent pas conter, eux qui voient leurs abeilles mourir chaque année par milliards. L’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), notamment, proteste. Le sulfoxaflor est en fait un nouveau néonicotinoïde, qui pénètre dans toute la plante et se retrouve dans le pollen, le nectar et le jabot de l’abeille. Dès 2014, l’agence européenne EFSA établissait dans un rapport (ici) la toxicité aiguë du sulfoxaflor sur les abeilles.
Étrange, non ? Pourquoi l’ANSES ne tient-elle pas compte des menaces certaines sur les abeilles et, peut-on penser, sur quantité d’autres espèces sauvages ou domestiques ? Presque aussitôt, en octobre 2017, nos amis de Générations Futures de leur côté (ici), Agir pour l’Environnement et l’Unaf du leur lancent des recours contre les Autorisations de mise sur le marché du nouveau poison par l’ANSES.
Et ça devient passionnant. Car la suite se passe devant le tribunal administratif de Nice, le 23 novembre 2017. La directrice générale adjointe de l’ANSES, Françoise Weber, a fait le déplacement – sur fonds publics, j’imagine -, accompagnée par des cadres de l’agence. Non pour voler au secours de la santé publique – pensez -, mais pour soutenir le détestable produit (ici). Le juge suspend pourtant l’autorisation accordée par l’ANSES, dans l’attente d’un jugement sur le fond. Et cette décision, malgré un appel de l’agrochimie, est confirmée par le Conseil d’Etat.
La grande nouvelle, qui date d’hier, c’est que le tribunal administratif de Nice annule purement et simplement les autorisations de mise sur le marché, ce qui constitue un camouflet inouï à l’ANSES (ici). Le tribunal, s’appuyant sur le principe de précaution, a estimé que « le sulfoxaflor, qui entre dans la composition de ces pesticides et a pour effet d’agir sur le système nerveux central des insectes, était susceptible, en l’état des connaissances scientifiques de présenter un risque de toxicité important pour les insectes pollinisateurs ».
La bagarre ne sera pas terminée de sitôt, raison de plus pour être heureux quelques minutes. L’ANSES a perdu, et il n’est pas interdit de faire des rapprochements avec le si lourd dossier des SDHI.
Nous faisons tout sur le terrain pour informer et sensibiliser le public bercé par la fausse sécurité des institutions.
L’ANSES est noyautee par les lobbystes de l’agro-chimie et de l ‘agro-business ( c.f. nomination de Sophie Le Quellec comme directrice com et dircab)