Il y a quelques jours, j’adressai à monsieur Roger Genet, directeur-général de l’ANSES, un courrier que vous pouvez lire ici. Je lui demandais en résumé ceci :
“ Je vous écris cette lettre à la demande de « Nous voulons des coquelicots », puissante association populaire. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous rencontrer, et je le regrette. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Ecrivant mon livre consacré aux SDHI, Le crime est presque parfait, j’ai sollicité à de nombreuses reprises des rendez-vous avec des responsables de l’ANSES, qui n’avaient hélas jamais le temps de me recevoir. Ni souvent de seulement me répondre.
Le temps ayant passé, je suis convaincu que vous pourrez dégager une petite demi-heure, à n’importe quelle heure de n’importe quel jour, de manière que nous puissions enfin nous parler directement. Moi, en tout cas, je serai là”.
Or voilà que monsieur Genet me fait ce vendredi 29 novembre au matin une belle surprise : il me répond (c’est ici). Le petit malheur, c’est qu’il fait semblant. Je gage qu’un(e) communicant(e) lui aura dicté cette attrayante missive. Qui contient aussi sa part d’humour, involontaire je le crains. Car que me dit monsieur Genet ? Fort aimablement, il rappelle en préambule que je lui ai demandé un entretien, de manière que nous puissions échanger sur la question des pesticides et singulièrement des SDHI, qui nous menacent tous – humains et non humains – d’une nouvelle catastrophe.
S’agissait-il de ma part d’une manœuvre ? Ma foi non. Certes – et je l’assume – je me suis livré dans mon livre à une critique radicale de l’ANSES. Mais toujours du point de vue de la défenses des écosystèmes et de la santé publique. Il n’est jamais agréable d’être à ce point vilipendé, mais j’affirme ici que je souhaite réellement voir monsieur Genet. Je rappelle que se déroule le procès du Mediator, des laboratoires Servier et de ses nombreux lobbyistes. Mutatis mutandis, nous sommes dans le même sujet. Et même s’il n’y avait qu’une chance sur mille d’ébranler monsieur Genet, cette chance, je la courrais mille fois. Par-delà tant d’évidentes différences, divergences, oppositions même, ne sommes-nous pas des humains, lui et moi ?
Je ne doute pas qu’il l’est. Mais un humain peut aussi utiliser la ruse quand il est en difficulté, et c’est bien ce que fait monsieur Genet dans sa réponse. Il ne veut à aucun prix d’une rencontre – mes arguments, fondés sur des faits indiscutables, sont solides, croyez-moi -, et donc, ainsi qu’on dit désormais, il botte en touche. Toute sa lettre pèse le poids lourd de la langue de bois, au point que sa conclusion en devient évidente. Il n’écrira pas qu’il refuse de me voir – pardi, surtout pas ça ! -, mais que je dois m’inscrire sur une plate-forme numérique où, tous les trois mois, des gens inconnus discutent dans des formats préfabriqués. Dites-moi, monsieur Genet, est-ce bien cela, le service public ?
Eh oui, vous êtes un service public, payé sur les deniers de la République – les nôtres – et quand le représentant d’un million de citoyens vous demande une demi-heure de votre temps si précieux, ne pensez-vous pas que vous avez le devoir d’accepter ? Moi si.
Un dernier point. Vous ne dites pas un mot de mon livre, et cela m’intrigue un peu. Il contient quantité d’informations exclusives, dont certaines ont sûrement et fortement déplu au siège de l’ANSES. Mais ces informations, sont-elles exactes ? Si oui, ma foi, nous sommes bel et bien dans la logique du scandale d’Etat. Mais si non, que ne répondez-vous ? Pourquoi un tel silence qui, à ce stade, vaut pour moi confirmation ? Vraiment, monsieur Genet, quelque chose ne tourne pas rond dans cette sinistre affaire des SDHI.
Quant à moi et pour finir, je continue à vous demander poliment, au nom du puissant mouvement des Coquelicots, une rencontre. Après tout, peut-être disposez-vous de lumières qui n’ont pas encore éclairé mon esprit. Avec les fortes et sincères salutations de
Fabrice Nicolino