Inutile de se montrer trop solennel entre nous. Inutile,
mais nécessaire tout de même, car la situation n’est pas rassurante. Bien sûr,
avec tous, dans la coopération et la solidarité, nous allons faire face à la
pandémie de coronavirus. Nos sociétés fragiles ont besoin de présence, de
bienveillance, d’aide.
Faut-il pour autant se taire ? Tout au contraire, le mouvement
des Coquelicots doit exprimer son point de vue avec plus de force que jamais,
car le grand dérèglement en cours exige de véritables changements. Avez-vous
bien écouté le propos de notre président de la République le 12 mars
2020 ? Il a insisté sur des points essentiels.
Lesquels ? D’abord faire confiance à la science, et
c’est ce que clame notre mouvement depuis ses débuts. Oui, la science est de
notre côté. Des centaines, des milliers d’études peut-être établissent la
toxicité des pesticides de synthèse, et seul le déni régnant dans les
ministères a permis jusqu’ici de camoufler ce qui est une évidence. La science
vivante montre que les pesticides sont un poison universel.
Autre question-clé, celle de notre organisation économique.
Le président a déclaré précisément ceci : « Il nous faudra demain
tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de
développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui
dévoile ses failles au grand jour ». Ce modèle, nous le connaissons et
le dénonçons tous. C’est celui de l’irresponsabilité sociale et pénale des
immenses transnationales. Chacun connaît leur but, qui ne saurait être le
nôtre : ouvrir des marchés jusqu’au fond de l’océan Arctique, jusqu’au
cœur des forêts tropicales, jusqu’au sommet des montagnes, jusqu’aux ultimes
intérieurs de notre si petite planète.
Nous voyons sans surprise, mais avec dégoût, les parallèles
évidents entre la crise du coronavirus et l’expansion sans fin des pesticides.
Tous les deux sont de puissants toxiques. Tous les deux circulent d’un bout à
l’autre du monde, tous les deux sont invisibles, tous les deux sont
omniprésents. Il nous faut décider ensemble d’une organisation meilleure.
Le mouvement des Coquelicots est fier d’être aux avant-postes. Oui, nous sommes pour la mesure, le contrôle, la confiance, la production locale. Oui, nous sommes pour repenser en totalité un modèle agricole qui mène fatalement au désastre. Vous parle-t-on sérieusement de la peste porcine africaine (PPA), qui flambe d’un bout à l’autre du monde sur fond d’élevage industriel ? Certes, ce virus-là n’est pas transmissible à l’homme. Mais le SRAS, mais la grippe aviaire, mais le coronavirus ?
Amis des coquelicots, nous clamons notre solidarité
immédiate et totale avec les malades. Mais en lançant une mobilisation générale
pour dire cette vérité qu’on ne nous reconnaîtra pas : nous avons eu
raison, et nous avons raison. Ce sont eux qui ont propulsé le monde dans
l’inconnu, malgré tant d’années d’avertissements. Et c’est à nous de montrer
qu’une autre voie est possible. On y va ? On y va.